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En Grèce 2012

L’on oublie vite l’intensité du  bleu des ciels du sud. Tout aussi vite la laitance de la brume de pollution qui s’installe au fur et à mesure que la chaleur chasse l’illusoire fraîcheur du matin.Nous voilà odos Patission en plein cœur de la crise grecque. (Celle que quelques caciques grecs associés aux « européens » continuent encore à faire payer au peuple grec en 2021) Quartier neuf, prometteur, il y a à peine trente ans, le coin s’est popularisé et paupérisé pour vivre désormais à l’échelle 1 toutes les difficultés de l’Athènes d’aujourd’hui.
8h53, 29° à l’ombre, les vacances seront chaudes !
Aghia Marina, la mer est chaude et limpide. Est-elle propre ? Les 34°à l’ombre évacuent vite la question. Les parasols en feuilles de palmiers protègent les chaises longues qui s’étalent tout au long de la plage jusqu’à la petite chapelle. La place est accessible pour le prix d’un café, environ 3 euros. Est-ce la crise ou l’heure matinale pour les vacanciers ? Les clients ne se bousculent pas.

Ils ne se bousculent pas non plus dans le quartier de « Psiri » où d’innombrables bars, cafés et autres lieux branchés avaient chassé il y a une décennie à peine les bouges du vieil Athènes qui contemplaient paresseusement les dessous de l’Acropole.

Kineta est une petite ville côtière à 60km d’Athènes et 15 de Corinthe, juste en face de Salamina. Plage de petits galets occupée par un public familial exclusivement grec. Le chemin du retour passe par Elefsina et ses installations portuaires. Autrefois les eaux les plus polluées des côtes grecques. Aujourd’hui ? Plusieurs camions de policiers anti-émeute parquent devant les installations sidérurgiques menacées de délocalisation. La crise toujours…Une fois passées les premières heures de surprise, les vieux démons athéniens sortent de leurs antres. Pollution, bruit, mortelle circulation, agressivité,….la crise n’arrange rien notamment au niveau des relations. La concentration massive d’africains noirs dans certains quartiers exacerbe les sentiments de rejet des grecs qui n’ont jamais été de grands xénophiles ! Les grecs, car comme dans la plupart des métropoles, à Athènes les indigènes sont minoritaires.

Le nouveau musée de l’Acropole est un grand et beau bâtiment où le verre domine autant verticalement qu’horizontalement, pour laisser voir les découvertes archéologiques faites lors des excavations.
Très aéré, panneaux descriptifs pédagogiques (texte un peu long pour les impatients !), circuit enfants,…bref un très beau musée où Athéna règne avec ou sans son étole bordé de vipères ! Le prix d’entrée abordable compense les 12€ exigés pour la visite de l’Acropole.

Le ticket de métro est à 1.4€. Plus cher qu’à Paris pour des gens qui pour leur grande majorité gagnent moins de 900€ par mois.

Combien y-a-t-il de cannelures dans le fût d’une colonne corinthienne ? Quelle est la forme exacte du filet qui en sépare 2 ? Souci du détail ou masochisme intellectuel ? Quelle que soit l’origine du questionnement ça surprend le généraliste qui ne descend à ce niveau de détail qu’en cas de nécessité vitale ! En 45 ans d’allers retours réguliers première visite du sanctuaire de Zeus en pleine ville ! Une esplanade de taille respectable au milieu de laquelle trônent les restes d’un harmonieux édifice fait de colonnades corinthiennes. Autour plusieurs ruines de bains romains et la porte d’Hadrien. Mais ce dernier était romain ! Envie d’aller plus loin ? Humm

Theodoros Papayianni

Dernière matinée touristique à Athènes. Le Musée Benaki est fermé. Traversée du quartier de « Gazi » visité nuitamment hier et où autour d’une bière nous dissertâmes sur l’ancienne usine à gaz et les beaux gazomètres transformés en lieux culturels qui donnent le nom au lieu. Les rues sont désertes, il n’est que 10h30 du matin ! Visite du musée d’art contemporain. Beau bâtiment et œuvres nécessitant un fort investissement intellectuel comme dans la plupart des MAC. A 300 mètres de là le musée d’art byzantin. Les vieilles salles sombres de nos souvenirs ont laissé la place à de larges espaces éclairés où les œuvres sont mises en valeur. Toutefois notre cible est l’expo temporaire du sculpteur Théodoros Papayianni. Œuvres statiques mais pleines de grandeur et de minutie dans l’exécution.

Tyros. Station balnéaire typique des côtes du Péloponnèse. Les habitants de la région semblent continuer à investir dans les infrastructures touristiques. Les étrangers de leur côté semblent continuer ou commencer à acheter. Le résultat fait que les tâches blanches des maisons du village historique à environ 4 km de la côte rejoignent dans une coulée ininterrompue celles, neuves, qui remontent de la mer.
Un petit port bien protégé, moins de 10 pêcheurs, 2 églises sans compter celle du vieux village. Les cloches ont déjà sonné2 fois ce matin dominical et à l’instar de leurs confrères de l’autre côté de la mer Egée les prêtres ont fait entendre leurs chants à 1km à la ronde. Les vacanciers sont en majorité grecs.

Le soleil chauffe déjà ! Première journée en villégiature qui commence.
Qui a inventé les bains de mer ? Le XIXème français a certes créé des villes pour les parisiens aisés et en manque de nouveautés, suivi ou précédé de peu par tous les pays côtiers mais… qui est le premier humain qui s’est jeté à la mer pour son seul plaisir ? Quel est le premier humain qui nagea, non pas pour sauver sa peau, mais pour jouir au contact de cette eau fraîche qui plus est le porte comme à l’époque où il vivait dans le ventre maternel ? Seules les vacances dans un lieu silencieux habité par les cigales et couvert par un ciel bleu profond inspirent ce genre de questions ! C’était avant-hier soir, Apagio, une petite taverne avec une quinzaine de tables à même la plage. Chaises traditionnelles bleu, nappes vichy bleu, etc. A notre arrivée 2 tables occupées par des autochtones nous ont rassurés. Un des avantages auquel on ne pense pas de prime abord est que sur une plage de galets pas besoin de chercher une cale pour stabiliser la table ! Frites maison, poulpe au feu de bois, courgettes et calamars frits, fromage à la poêle, une énorme salade mixte et un plat fait d’une mixture à base de feta étalée entre deux fines galettes, le tout arrosé de 400ml de ouzo Ploumari. 61€ pour 5 personnes.

Aucune source d’inspiration pour un quelconque croquis au cours de la ballade de la seconde partie de la matinée. Rien hormis les oliviers centenaires à la majesté banalisée par leur nombre.

Qu’est-ce qu’une rencontre ? Un moment ? un regard ? une parole ? suivis d’une réaction, d’une réponse ? Celle-ci commença par l’observation d’un vieux monsieur qui essayait de donner un bout de biscuit à une fillette sur protégée par sa mère qui ne comprenant pas l’intention du papy ne voulait à aucun prix que la rencontre intergénérationnelle se concrétise. Quelques brassées plus loin Kosta dit deux mots au papy, amorce, ferrage ! La discussion s’enclenche. Professeur à la retraite participe aux activités de l’association des anciens, peint, donne des cours à ses congénères, etc, etc Une rencontre.

Les montagnes derrière Tyros culminent à 1250m. La route est bornée de villages historiques jadis vivants. Oliveraies et élevage semblent être les principales sources de revenu qui ont progressivement cédé la place à la facilité du tourisme. Ainsi la population coula vers la mer en suivant la pente naturelle du terrain. Vivants peut être, mais les quelques hameaux visités ne semblent pas orienter leurs habitants historiques vers une quelconque esthétique immobilière. Résultat, aucune personnalité aucune originalité aucun intérêt autre que la vue du golfe quand l’on tourne le dos à la montagne et …à l’habitat.

Vieux Tyros, Sapounakaika,….Melana, Pragmateftis, Sambatiki,et puis sur la route pour Monemvasia nous nous arrêtâmes à Kosma. Enfin un village digne de ce nom. Perché à 1150m, organisé autour d’une grande place protégée du soleil par une demi-douzaine de platanes séculaires qui entremêlent leurs branches pour couronner la façade de l’église. Derrière le cœur à l’extérieur, trois lions en marbre crachent une eau fraiche venue de la centaine de mètres qui restent pour atteindre les cimes du coin.

Galactoboureko, café, petite ballade à pied pour oublier les interminables lacets qui nous ont menés jusqu’ici et nous préparer à ceux qui vont nous mener jusqu’à Mari.

Monemvasia. Nous revoilà 35 ans après dans les murs de la fameuse cité imprenable qu’ à part les croisés tous les envahisseurs ont conquis. Toujours cachée côté terre par son austère rocher elle se transforme à grande vitesse en ville musée. Beaucoup plus de bâtiments sont réhabilités, heureusement. Toutefois les hôtels, gîtes, et autres guest home ou house dominent par leur nombre. L’uniformité des teintes des façades, harmonie diront certains, trahissent la main de l’architecte des monuments historiques du coin. Une église sur trois ouverte. L’artère centrale qui mène de la porte sud à la place est envahie à 90% par les échoppes de souvenirs à droite et des cafés et restaurants à gauche. Les 35 ans d’usure supplémentaire des rotules nous ont privé de l’ascension jusqu’au fort qui perche au sommet du rocher.

Pose déjeuner sur une terrasse protégée par un plafond de vigne savamment tissée entre des barres métalliques. Bière glacée, salades, beignets de courgettes, etc, rien de gastronomique mais des prix raisonnables pour la majesté du lieu. En écoutant les commerçants l’on apprend vite que la crise n’est pas que grecque et que les touristes calculent aussi. Chemin de retour par d’autres lacets pour atteindre le sud de Leonidion.

Pour notre dernière journée de villégiature le vent a tourné au nord-nord est. Villégiature ! ce mot est une intrigue, une porte vers le rêve mais aussi vers l’enfance et les souvenirs des fins d’années scolaires où les bandes d’enfants se formaient par destination estivale quand d’autres moins chanceux se préparaient à aider leurs parents.

Le vent a tourné. Le soleil chauffe autant mais la sensation de chaleur n’est plus la même. De petites vagues animent la surface de la mer tandis que le fond n’est plus aussi visible et le bleu profond s’approche remarquablement du bord. Seule la musique du ressac demeure.

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