Les vieux GMC datant de la seconde guerre, généreusement offerts par Mister Marshall à l’allié du dernier jour, quittent les lieux après avoir déchargé le métal en barres.
Section 10×10, longueur aléatoire, poids de plusieurs centaines de livres.
Entrent en scène les premiers des travailleurs de force, qui après avoir meulé les barres en pièces d’environ un mètre cinquante, les portent en s’aidant d’un palan, dans le garde-manger de la forge.
Pour la cuisson un four à double accès, long de plusieurs mètres, qui sert de sas avec le laminoir
Chaque pièce enfournée ressort chauffée à blanc d’un gueulard à l’autre bout pour être prise en main, au sens premier du terme, par les lamineurs.
A une vitesse inquiétante, le métal rougeoyant se transforme en une queue de fouet d’une quinzaine de mètres qui serpente entre les jambes des ouvriers qui l’enfilent, pour l’épaisseur inférieure, entre les cylindres de l’ERKA à cette époque fleuron de l’industrie de la machine outil polonaise.
Ils la guident habilement avec des simples barres à mine pour ne pas lui sacrifier une jambe mal positionnée, naïvement protégée par des morceaux d’amiante cousus sur les pantalons.
Quelques parcelles de ces lames finissent sur des machines à arrondir, modèles reprenant des techniques séculaires, simples et efficaces.
La musique des masses d’acier qui s’entrechoquent marque alors le temps au rythme des efforts musculaires des forgerons.
Hommes de l’art un peu cabots, prêts à décomposer leur mouvement pour montrer au curieux toute la trajectoire du geste.
Pause méridienne, pause cigarette et la chaleur aoûtienne se transforme en air frais pour ces forçats par choix, qui passaient (passent ?) leur journées dans un air chargé de poussières et vapeurs diverses à plus de 40 degrés.